Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Livre Sixième.

Suite du récit. Marche de l’armée romaine en Batavie. Elle rencontre l’armée des Francs. Champ de bataille. Ordre et dénombrement de l’armée romaine. Ordre et dénombrement de l’armée des Francs. Pharamond, Clodion, Mérovée : Chants guerriers. Bardits des Francs. L’action s’engage. Attaque des Gaulois contre les Francs. Combat de cavalerie. Combat singulier de Vercingétorix, chef des Gaulois, et de Mérovée, fils du roi des Francs, Vercingétorix est vaincu. Les Romains plient. La légion chrétienne descend d’une colline et rétablit le combat. Mêlée. Les Francs se retirent dans leur camp. Eudore obtient la couronne civique et est nommé chef des Grecs par Constance. Le combat recommence au lever du jour. Attaque du camp des Francs par les Romains. Soulèvement des flots. Les Romains fuient devant la mer. Eudore, après avoir combattu longtemps, tombe percé de plusieurs coups. Il est secouru par un esclave des Francs, qui le porte dans une caverne.

« La France est une contrée sauvage et couverte de forêts, qui commence au delà du Rhin et occupe l’espace compris entre la Batavie à l’occident, le pays des Scandinaves au nord, la Germanie à l’orient et les Gaules au midi. Les peuples qui habitent ce désert sont les plus féroces des barbares : ils ne se nourrissent que de la chair des bêtes sauvages ; ils ont toujours le fer à la main ; ils regardent la paix comme la servitude la plus dure dont on puisse leur imposer le joug. Les vents, la neige, les frimas, font leurs délices ; ils bravent la mer ils se rient des tempêtes, et l’on diroit qu’ils ont vu le fond de l’Océan à découvert, tant ils connoissent et méprisent ses écueils. Cette nation inquiète ne cesse de désoler les frontières de l’empire. Ce fut sous le règne de Gordien le Pieux qu’elle se montra pour la première fois aux Gaules épouvantées. Les deux Décius périrent dans une expédition contre elle ; Probus, qui ne fit que la repousser, en prit le titre glorieux de Francique. Elle a paru à la fois si noble et si redoutable, qu’on a fait en sa faveur une exception à la loi qui défend à la famille impériale de s’allier au sang des barbares ; enfin, ces terribles Francs devoient de s’emparer de l’île de Batavie, et Constance avoit rassemblé son armée afin de les chasser de leur conquête.