XIV.
LES MALHEURS DE LA RÉVOLUTION.
Sors des demeures souterraines,
Néron, des humains le fléau !
Que le triste bruit de nos chaînes
Te réveille au fond du tombeau.
Tout est plein de trouble et d’alarmes :
Notre sang coule avec nos larmes ;
Ramper est la première loi :
Nous traînons d’ignobles entraves ;
On ne voit plus que des esclaves :
Viens ; le monde est digne de toi.
Ils sont dévastés dans nos temples
Les monuments sacrés des rois :
Mon œil effrayé les contemple ;
Je tremble et je pleure à la fois.
Tandis qu’une fosse commune
Des grandeurs et de la fortune
Reçoit les funèbres lambeaux,
Un spectre, à la voix menaçante,
A percé la tombe récente
Qui dévora les vieux tombeaux.
Sa main d’une pique est armée :
Un bonnet cache son orgueil ;
Par la mort sa vue est charmée :
Il cherche un tyran[1] au cercueil.
Courbé sur la poudre insensible,
Il saisit un sceptre terrible
Qui du lis a flétri la fleur,
Et d’une couronne gothique
Chargeant son bonnet anarchique.
Il se fait roi de la douleur.
- ↑ Louis XI. Ce roi ne fut point enterré à Saint-Denis : peu importe au poëte.