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Et son œil troublé
Mollement s’entr’ouvre.
Tout entière au bruit
Qui pendant la nuit
La charme et l’accuse,
Adèle au vainqueur
Son aveu refuse
Et donne son cœur.


VII.

LE PRINTEMPS, L’ÉTÉ ET L’HIVER.


Vallée au nord, onduleuse prairie,
Déserts charmants, mon cœur, formé pour vous.
Toujours vous cherche en sa mélancolie.
À ton aspect, solitude chérie,
Je ne sais quoi de profond et de doux
Vient s’emparer de mon âme attendrie.
Si l’on savoit le calme qu’un ruisseau
En tous mes sens porte avec son murmure,
Ce calme heureux que j’ai, sur la verdure,
Goûté cent fois seul au pied d’un coteau,
Les froids amants du froid séjour des villes
Rechercheroient ces voluptés faciles.

Si le printemps les champs vient émailler,
Dans un coin frais de ce vallon paisible,
Je lis assis sous le rameux noyer.
Au rude tronc, au feuillage flexible.
Du rossignol le suave soupir
Enchaîne alors mon oreille captive,
Et dans un songe au-dessus du plaisir
Laisse flotter mon âme fugitive.
Au fond d’un bois quand l’été va durant,
Est-il une onde aimable et sinueuse
Qui, dans son cours, lente et voluptueuse,
À chaque fleur s’arrête en soupirant ?