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DU COMMENCEMENT
DE LA GUERRE CIVILE
À LA CAPTIVITÉ DU ROI.
1642-1647.


Cromwell s’éleva principalement en adoptant un parti : il se plaça à la tête des indépendants, secte sortie du sein des puritains, et dont l’exagération fit la force. Les membres indépendants du parlement devinrent les tribuns de la république : les généraux et les officiers de l’armée furent remplacés par des généraux et des officiers indépendants. On établit auprès de chaque corps des commissaires qui contrecarraient les mesures des capitaines modérés ; l’esprit des troupes s’exalta jusqu’au plus haut degré du fanatisme.

En vain Charles, auquel il restait encore une ombre de puissance, voulut traiter à Huxbridge : la négociation fut rompue et la guerre renouvelée. Montross obtint quelques succès inutiles en Ecosse. « Le comte de Montross, Ecossais et chef de la maison de Graham, dit le cardinal de Retz, est le seul homme du monde qui m’ait jamais rappelé l’idée de certains héros que l’on ne voit plus que dans les Vies de Plutarque ; il avait soutenu le parti du roi d’Angleterre dans son pays, avec une grandeur d’âme qui n’en avait point de pareille en ce siècle. »

Montross n’était point un homme de Plutarque : c’était un de ces hommes qui restent d’un siècle qui finit dans un siècle qui commence : leurs anciennes vertus sont aussi belles que les vertus nouvelles, mais elles sont stériles ; plantées dans un sol usé, les mœurs nationales ne les fécondent plus.

Tandis qu’on s’égorgeait dans les champs de l’Angleterre, les membres des communes livraient des batailles à Londres, abattaient des têtes sans exposer les leurs. L’archevêque Laud, prisonnier depuis plus de trois ans, fut tiré de son cachot par la vengeance de Prynne, pour