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DE L’OUVERTURE
DU LONG PARLEMENT
AU COMMENCEMENT DE LA GUERRE CIVILE.
1640-1647.


Ce fut donc par l’avis de la reine que Charles Ier annonça au conseil des pairs réunis à York la convocation d’un parlement.

Pour ne s’occuper que des affaires intérieures, il se fallait débarrasser des Écossais. En vain Strafford s’opposa au traité déshonorant que l’on conclut avec eux ; en vain il montra, par une action hardie, combien il était facile de les vaincre ; le roi n’écouta rien, et se hâta de revenir à Londres. Le quatrième parlement avait été dissous le 5 mai 1640, et le 3 novembre de la même année s’ouvrit cette cinquième assemblée, si fameuse dans l’histoire sous le nom du long parlement.

Charles avait passé douze années sans appeler les communes ; il s’était hâté, après ce laps de temps, de les disperser de nouveau ; on ne s’étonne donc pas de voir, par une réaction naturelle, les communes, irritées, établir le bill des parlements triennaux, enlever au roi le pouvoir de proroger ces parlements et de les dissoudre ; par ce seul acte, la monarchie constitutionnelle était changée en une démocratie royale. Le monarque qui avait tant combattu pour la prérogative lorsqu’elle n’était pas virtuellement attaquée l’abandonna au moment même où on lui porta les plus rudes coups.

Désespérant d’être utile à un prince si faible, Strafford avait voulu se retirer du ministère ; Charles retint le conseiller fidèle qui, ne le pouvant plus servir, se dévoua.

Un dessein tout à fait digne du caractère déterminé de Strafford avait été conçu : le ministre voulait dénoncer au parlement même les membres de ce parlement qui avaient appelé l’armée écossaise en Angleterre. Les preuves de l’appel existaient ; mais ceux que Strafford prétendait