Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 10.djvu/365

Cette page n’a pas encore été corrigée


CHARLES Ier.

DEPUIS L’AVÈNEMENT DE CHARLES Ier À LA COURONNE
JUSQU’À LA CONVOCATION DU LONG PARLEMENT.

1625-1640.


Charles parvint à la puissance suprême rempli des idées romanesques de Buckingham et des maximes de l’absolu Jacques Ier. Mais Jacques n’avait défendu le droit divin que par la controverse ; sa vanité littéraire et sa modération naturelle avaient permis la réplique : de là était née la liberté des opinions politiques ; la liberté des opinions religieuses était déjà sortie de la lutte entre l’esprit catholique et l’esprit protestant.

De très bonne foi dans ses doctrines, Charles tenait des traditions paternelles que les privilèges de la couronne sont inaliénables, que le roi régnant n’en est que l’usufruitier, qu’il les doit transmettre intacts à son successeur.

La nation, au contraire, commençant à douter de l’étendue de ces privilèges, soutenait que le trône en avait usurpé une partie sur elle. Les premiers symptômes de division éclatèrent lorsque Charles voulut continuer la guerre allumée dans le Palatinat ; le parlement refusa l’argent demandé : avant d’accorder le subside, il prétendit obtenir la réparation des griefs dont il se plaignait ; il sollicitait surtout l’éloignement d’un insolent favori. Charles crut son autorité attaquée : il s’entêta à soutenir Buckingham, cassa le parlement, et leva, en vertu de certaines vieilles lois, des taxes arbitraires. Le reste de son règne s’écoula dans le même esprit.

Charles fit des efforts pour gouverner sans parlement ; mais la nécessité salutaire de la monarchie représentative, nécessité qui oblige le prince à la modération, afin d’opérer la levée paisible de l’impôt, ramenait de force la couronne au principe constitutionnel. Plus le roi avait agi selon le bon plaisir, plus on exigeait de lui de garanties : il cédait ou s’emportait de nouveau, et ses concessions et ses emportements finissaient