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DÉDICACE.



À Monsieur de Villeneuve,
Commissaire de Police à Lyon.


Quid Domini faciant audent cum talia fures.
Virg.


Vous aviez dit que le plus beau jour de votre vie serait celui où vous auriez un mandat d’arrêt contre moi ; ce jour est arrivé et, quoique par vos fonctions, vous dussiez savoir parfaitement que j’étais étranger à l’insurrection du 15 juin, vous en avez profité.

Permettez que je vous dédie cet opuscule où je raconte les Vingt-deux jours de captivité que je vous dois.

Ne croyez pas que je les déplore, je m’en félicite au contraire, car, si grâce à vous, j’ai quelque peu souffert, j’ai appris beaucoup et je pourrai invoquer les paroles de Didon à Énée :

Non ignara mali miseris succurere disco.

Grâce à vous, je sais ce que c’est que ces ignobles caves de l’Hôtel-de-Ville, où le respect de la dignité humaine ne devrait pas tolérer qu’on put mettre même des coupables et que les journées de juin ont vu remplies d’innocentes victimes, ainsi que le témoignent les nombreux acquittements prononcés chaque jour.

Je pourrai donc ajouter quelque chose à ce que j’avais à dire dans mon Astréolégie, sur les arrestations préventives.

Grâce à vous, mais ceci a été indépendant de votre volonté, j’ai pu connaître ce que c’était que le dévouement d’une femme, la tendresse d’un fils, la sollicitude d’un frère[1] ; et la famille, que

  1. M. Courbier, capitaine au 17e de ligne.