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CCXI.


DES hommes vicieux la vie abominable
Est l'ombre de la mort qui les fuit pas à pas
Est le corbeau goulu qui cherche son repas
Pinsottant & becquant leur carcasse execrable :

Il vaut mieux ne point vivre à l'homme irraisonnable,
Ou dez le mol berceau succomber au trspas,
Que meschantement vivre assouvis aux appas
D'ignorance condite en crime detestable :

Mieus vaut un jour passé selon la verité
De la droite vertu que l'immortalité
D'une vie impudicque, infidelle & meschante ;

Aussi de franc courage à la mort va courant
Le sage vertueux, mais le sot ignorant
Mourant desespéré , de la mort se lamente.


CCXII.


CELUY qui se connoit à bien occasion
De flechir devant DIEU, ayant la connoissance
De sa fragilité qui dans la conscience
Escrit par le peché sa condemnation :

Reconnoissant d'ailleurs la perfection
De DIEU sont Createur, par sa grande clemence,
De qui defaut en luy aisément rcompense,
Il doit bien se vanter de sa condition

Veu que le Tout-Puissant tout benin & tout sage
Le créa & forma à son divin image
Pour luy communiquer sa gloire & son honneur

Mais l'inclination de nostre ame perverse
Nous fait de telle sorte aller à la traverse
Que rien ne nous plait tant que le peché trompeur.