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M. Ward. M. Ward n’entendait pas voter pour l’émancipation immédiate avant que les mesures eussent été prises pour en assurer le succès ; mais il croyait que la chambre se devait de donner une force légale à la motion par elle adoptée dans la nuit du 22.

M. Ellice. M. Ellice ne voterait pas en faveur de l’amendement. Les mesures préparatoires réclamées par le préopinant, devant s’appliquer à des colonies d’origine étrangère et diverse, réclameraient un temps peut-être aussi long que la durée même de l’apprentissage. Avec quelle prudente sollicitude ne devait-on pas procéder à l’égard de l’émancipation anglaise, dont l’expérience pourrait décider du sort des populations encore retenues dans l’esclavage !

Sir R. Inglis. Sir R. Inglis verrait, dans la suppression anticipée de l’apprentissage, tout à la fois une injustice et un danger.

M. Baines. M. Baines ne pouvait partager cette opinion. Que de sinistres prophéties, répandues contre l’émancipation. avaient été démenties par la conduite constamment religieuse et calme des noirs ! Il se sentait donc parfaitement rassuré en opinant pour la suppression immédiate de l’apprentissage. Bien loin d’avoir à redouter un danger, il était persuadé que ce nouveau bienfait serait accueilli avec gratitude par les noirs. — D’ailleurs, ne pourrait-on pas prendre toutes les mesures suggérées par la prudence ? Après avoir rappelé qu’il avait été membre du comité d’enquête de 1836, l’orateur ajouta que, si le rapport n’avait pas demandé la suppression de l’apprentissage, c’était dans l’espoir, entretenu par le comité, qu’on aurait égard ses recommandations. Les législatures coloniales n’avaient tenu aucun compte de ces recommandations. La situation des