Page:Chartier - La Belle Dame sans merci, 1901, éd. Charpennes.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La Dame

Mon cœur et moi rien ne vous feismes
Oncques de quoi plaindre doyez.
Rien ne vous mit là fors vous-mesmes,
De vous mesmes juge soyez.
Une fois pour toutes, croyez
Que vous demeurez esconduit.
De tant redire m’ennoyez,
Car je vous en ai assez dit. »

L’Auteur

Adonc, le dolent se leva
Et part de la feste pleurant,
A peu que son cœur ne creva,
Com’à homme qui va mourant.
Et dit : Mort, viens à moi courant,
Ains que mon sens se descongnoisse.
Et m’abrège le demeurant
De ma vie plaine d’angoisse !…

Depuis je ne sus qu’il devint
Ne quel part il se transporta.
Mais à sa Dame n’en souvint
Qui aux Dames se déporta.
Et depuis, on me rapporta
Qu’il avoit ses cheveux descoux,
Et que tant se desconforta
Qu’il en estoit mort de courroux.