Vous n’avez cause de doubler
Ne soupeçon qui vous esmeuve,
A m’eslongner ne rebouter :
Car vostre bonté voit et treuve
Que j’ai fait l’essai et l’espreuve
Par quoi ma loyauté appert.
La longue attente et forte espreuve
Ne se peut celler, il y pert.
Il se peut loyal appeller
Et ce nom lui duit et affiert
Qui sait desservir et celler,
Et garder le bien, s’il acquiert.
Qui encor poursuit et requiert
N’a pas loyauté esprouvée :
Car tel pourchasse grace et quiert
Qui la pert puisqu’il l’a trouvée.
Se ma loyauté s’esvertue
D’aimer ce qui ne m’aime mie,
Et tenir cher ce qui me tue,
El’ m’est amoureuse ennemie.
Quant pitié, qui est endormie,
Mettroit en mes maux fin et terme,
Ce gracieux confort d’amie
Feroit ma loyauté plus ferme.