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L’Amant

Vos yeux ont si empraint leur merche
En mon cœur que, quoiqu’il advienne,
Se j’ai honneur où je le cherche,
Il convient que de vous me vienne.
Fortune a voulu que je tienne
Ma vie en vostre merci close ;
Si est bien droit qu’il me souvienne
De vostre honneur sur toute chose.

La Dame

A vostre honneur seul entendez,
Pour vostre temps mieux employer.
Du mien à moi vous attendez
Sans prendre peine à foloyer.
Bon il fait craindre et supployer
Un cœur trop follement déçu,
Car rompre vaut pis que ployer
Et estre esbranlé mieux que chu.

L’Amant

Pensez, ma Dame, que depuis
Qu’amour mon cœur vous délivra,
Il ne pourroit, car je ne puis,
Estre autrement tant qu’il vivra.
Tout quitte et franc le vous livra.
Ce don ne se peut abolir.
J’attens ce qui s’en ensuivra.
Je n’y puis mettre ne tollir.