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Adieu chansons que voulentiers chantoye
Et joyeux ditz où je me delectoye !
Tel rit joyeux qui après dolent pleure…
Le cœur m’estraint, angoisse me court seure !
Ma vie fait en moi trop long demeure.
Je n’ai membre que langueur ne labeure,
Et me tarde que ja mort de deuil soye.
Rien ne m’est bon, n’autre bien ne saveure
Fors seulement l’attente que je meure.
Et ne requier sinon que vienne l’heure
Qu’après ma mort en Paradis la voye !

Les vers de maître Alain ont de belles qualités de rythme. Ils sont, parfois, de huit pieds et disposés par couplets de huit, également, dont les rimes alternent et redoublent, comme dans le couplet de la ballade. Le Débat du Réveille Matin, le Lai de la belle Dame sans Merci, par exemple, sont exprimés suivant cette forme. Dans le Débat des deux Fortunés d’Amour, les vers ont dix syllabes à rime triplée, et alternent avec un petit vers de quatre syllabes qui fait chute. Le mouvement est le même, dans le livre des Quatre Dames, avec cette différence que les trois vers consécutifs à rime redoublée sont de huit au lieu d’être de dix syllabes. Le rythme du Lai de plaisance, est rompu, plein de légèreté et de charme :