Page:Chartier - La Belle Dame sans merci, 1901, éd. Charpennes.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

régnez sur les sujets et sur les serfs, et il règne et commande sur les rois. Vous mêliez lois transitoires au monde, et la loi perpétuelle délie vos lois et lie vos puissances. Elevez vos yeux et humiliez vos cœurs à retenir de sa doctrine que par lui seul peuvent les rois régner. Voyez que, au premier roi par lui établi, il retollit le sceptre et au tiers amoindrit son obéissance, et soubtrahit ses sujets, en signe que votre régence çajus n’est fors commission révocable au plaisir du conseil delà sus. Et afin que le delit de l’honneur ne fit méconnaître la charge, ni délaya du premier la peine après l’offense : pour déclarer en la primitive institution des royaumes la condition du devoir des rois. Malheureuse et trop pesante est la couronne aux rois qui pour elle s’endorment en vaine gloire et s’enivrent d’outrecuidance, quand en décongnoissant leur humanité, usurpent l’honneur divin. Et pour la cremeur qu’ils tiennent par force sur leurs sujets, oublient la crainte qu’ils doivent à Dieu par raison. Ainsi se attribuent de droit l’honneur que d’eux ne peuvent prendre, ni en la fin retenir. Ceux font du

    seigneurit sur la vie, et sur la mort de tous, et de toutes choses. » Le morceau, dans son entier, a grande allure.