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fait leur apprêt pour mettre le feu en l’Eglise. Mais cette matière est trop grande et profonde investigation, et la détermination douteuse. Si m’en tais à tant, fors que je prie Celui qui notre dite Mère Eglise a consacré de son digne sang qu’il n’en souffre jà advenir ce qu’il m’en laisse penser »[1].

Le roi, ce triste sire plongé dans de perpétuelles débauches, qu’après la mort de l’intelligente Agnès Sorel la vile Antoinette de Maignelais ne sut que trop encourager[2], aurait pu, lui aussi, découvrir des leçons directes à certaines pages du livre de l’Espérance, comme les

  1. Chartier s’impose, à l’ordinaire, une grande réserve. Il ne fait allusion à aucun événement particulier, à aucune personne déterminée. On a pu sentir dans les extraits que j’ai cités du livre de l’Espérance que Chartier, aigri par sa disgrâce imméritée, a une tendance à se départir de cette réserve, chez lui, caractéristique.
  2. Antoinette de Maignelais est surtout connue sous le nom de la Dame de Villequier, parce que, tout en restant la maîtresse-proxénète du roi, elle se fit marier à un gentilhomme pauvre, le sire de Villequier, pour avoir une position officielle. « Elle assura la perpétuité de son crédit, dit Henri Martin, en se faisant la surintendante d’une espèce de harem qu’elle remplissait de jeunes filles séduites ou achetées à leurs parents ».