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rant[1]. Car vice est fondé d’ignorance, et

    savoir. Il est croyable que, sans être hostile à Chartier, il ne fit rien pour lui. Quant à La Trémoille, il est si vrai qu’il n’avait pas renoncé à ses intrigues et qu’auprès des Curiaux son influence n’était pas abolie, que nous le voyons en 1440 entraîner dans la Praguerie les ducs de Bourbon et d’Alençon, le comte de Vendôme et le comte de Dunois lui-même. Georges de la Trémoille mourut en 1446, et dès 1451 on retrouve le nom dans le complot dirigé contre l’illustre Jacques Cœur. C’était le digne fils de l’ancien favori de Charles-le-Victorieux qui marchait sur les traces de son père !

  1. S’il maltraite le rival, cause de sa disgrâce persistante (je nomme ordinairement La Trémoille, parce que les traits me semblent assez bien convenir au personnage qui succéda au favori Le Camus en 1427), le comprenant dans « les mauvais officiers », le traitant de « serviteur déloyal », le poète ménage habilement le roi : les mauvais officiers ne peuvent convenir avec le Prince sage, et serviteur déloyal désire maître ignorant. Ces mauvais officiers sont les courtisans qui continuaient les cabales mesquines que le roi aima toujours à favoriser. Philippe de Vitri avait écrit dans son Chapel des trois Fleurs de lys :

    Les princes doivent bien savoir
    Lois et coustumes ou avoir
    Ceulz qui de telz choses sont sages ;
    Car se les princes senz n’ont mie
    En eulx ne en leur compagnie.
    Ne sont pas princes mais ymages.

    (Texte de M. Arthur Piaget ; Romania, 1899).