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de quarante-cinq mille dans la ville. Paris était si désert et si désolé que les loups y venaient la nuit par la rivière ; et ils étranglèrent et mangèrent plusieurs personnes, de nuit, dans les rues détournées. La plupart des hauts dignitaires avaient quitté la ville : il n’y resta guère que le premier président du parlement, Adam de Cambrai, un président en la chambre des comptes, appelé Simon Charles, le prévôt de Paris et le prévôt des marchands, qui eurent le courage de demeurer jusqu’au bout pour réconforter les habitants et garantir Paris des entreprises des Anglais. » En face de tant de maux, Chartier pouvait écrire que les maleurtez de la nation ne faisaient que commencer ![1].

Une autre particularité, qui n’a point échappé à M. Delaunay, confirme l’hypothèse d’une disgrâce. Le livre de l’Espérance est le plus consi-

  1. Cette horrible famine venant mettre le comble à la misère publique, déjà rendue si profonde par la guerre anglaise, et surtout les exploits des routiers et des écorcheurs, frappa vivement l’imagination de tous. Chartier exprime, par ces mots désespérés, l’angoisse du peuple, toujours dans l’attente de maux plus formidables qui semblaient suivre une affolante progression ! La guerre anglaise était, hélas ! le moindre de ces maux.