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Puisque son mal lui a fait dire,
Et après lui pour temps passer
J’ai voulu ses plaintes escrire
Sans un seul mot en trespasser,
S’en doit tout le monde amasser
Contre moi à tort et en vain,
Pour le chétif livre casser
Dont je ne suis que l’escrivain ?

S’aucuns me veulent accuser
D’avoir ou failli, ou mespris,
Devers vous m’en vueil excuser
Que j’ai pieça pour juge pris.
Et combien que j’ay peu apris,
S’ils en ont dit rien ou escrit
Pourquoi je puisse estre repris,
Je leur respondrai par escrit. »
 
Quant Amour eut ouy mon cas
Et vit qu’à bonne fin tendi,
Il remit sa flesche au carcas,
Et l’arc amoureux descendi.
Et tel responce me rendi :
« Puisqu’à ma Court tu te reclames,
Je suis content, et tant t’en di
Que je remets la cause aux Dames. »