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le reproche, le regret au cœur et l’improbation de tous, ce sont les armes, la monnoye, les aiguillons des enfans bien nez, et que l’on veust rendre honnestes. C’est ce qu’il leur faut tousiours sonner aux oreilles ; si ces moyens ne font rien, tous les autres de rudesse n’ont garde de profiter. Ce qui ne se peust faire par raison, prudence, addresse, ne se fera jamais par force ; et, quand il se feroit, ne vaudroit rien. Mais ces moyens icy ne peuvent estre inutiles, s’ils y sont employez de bonne heure, avant qu’il y aye encore rien de gasté. Je ne veux pour cela approuver ceste lasche et flatteuse indulgence et sotte craincte de contrister les enfans, qui est une autre extremité aussi mauvaise. C’est comme le lierre, qui tue et rend sterile l’arbre qu’il embrasse ; le singe, qui tue ses petits par force de les embrasser ; et ceux qui craignent d’empoigner par les cheveux celuy qui se noye, de peur de luy faire mal, et le laissent perir. Contre ce vice le sage hebreu parle tant : il faut contenir la jeunesse en discipline non corporelle des bestes, ou des forçats, mais spirituelle, humaine, liberale, de la raison. Venons maintenant aux particuliers et plus exprès