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des bons et eslus : mais c’est d’une forte, ferme et genereuse, et non d’une molle, effeminée, et troublée. C’est une passion vicieuse, et qui peust tomber en meschante ame, de laquelle il est parlé en son lieu ; car il y a bonne et mauvaise misericorde. Il faut secourir aux affligez sans s’affliger, et adapter à soy le mal d’autruy, n’y rien ravaller de la justice et dignité ; car Dieu dict qu’il ne faut poinct avoir pitié du pauvre en jugement : ainsi Dieu et les saincts sont dicts misericordieux et pitoyables. Sans se jacter, en faire feste, ny bruict, c’est espece de reproche : ces vanteries ostent tant la grace, voire descrient et rendent odieux les bienfaicts : (…). C’est en ce sens qu’il est dict que le bienfacteur doibt oublier les bienfaicts. Continuer, et par nouveaux bienfaicts confirmer et rajeunir les vieux (cela convie tout le monde à l’aymer, et rechercher son amitié), et jamais ne se repentir des vieux, quoiqu’on sente avoir semé en