Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/251

Cette page n’a pas encore été corrigée

faire voir, que sa propre conscience ; plus le soleil est haut, moins faict-il d’ombre ; plus la vertu est grande, moins cherche-elle de gloire ; gloire vrayement semblable à l’ombre, qui suyt ceux qui la fuyent, et fuyt ceux-là qui la suyvent : se remettre devant les yeux que l’on vient en ce monde comme à une comedie, où l’on ne choisit pas le personnage que l’on veust jouer, mais seulement l’on regarde à bien jouer celuy qui est donné ; ou comme en un banquet, auquel l’on use des viandes qui sont devant, sans estendre le bras à l’autre bout de la table, ny arracher les plats d’entre les mains des maistres d’hostel. Si l’on nous presente une charge dont nous soyons capables, acceptons-la modestement, et l’exerçons sincerement ; estimant que Dieu nous a là posez en sentinelle, affin que les autres reposent soubs nostre soin : ne recherchons autre recompense de nostre labeur, que la conscience d’avoir bien faict, et desirons que le tesmoignage en soit plustost gravé dedans le cœur de nos concitoyens, que sur le front des œuvres publicques. Bref, tenons pour maxime, que le fruict des belles actions est de les avoir faictes. La vertu ne sçauroit trouver hors de