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très excellente, mais aussi très rare, des esprits de la premiere classe. Il y en a une autre aussi philosophique, encore qu’elle ne soit de si bonne et saincte famille, qui est bien facile et bien plus en usage, et est oblique : c’est par diversion et destournement de son esprit et sa pensée à chose plaisante et douce, au moins autre que celle qui nous ameine la tristesse ; c’est gauchir, decliner et ruser au mal, c’est changer d’object. C’est un remede fort frequent, et qui s’usite presque en tous maux, si l’on y veust prendre garde, tant du corps que de l’esprit. Les medecins, qui ne peuvent purger le catarrhe, le destournent et devoyent en autre partie moins dangereuse, à qui il faut appliquer la lancette, le cautere, le fer ou le feu. Ceux qui passent les precipices ferment les yeux, destournent la veuë ailleurs. Les vaillans en guerre ne goustent et ne considerent aucunement la mort ; l’ardeur du combat les emporte. Tant qui ont souffert la mort doucement, voire qui se la sont procurée et donnée, ou pour la gloire future de leur nom, comme plusieurs grecs et romains, ou pour l’esperance d’une meilleure vie, comme les martyrs, les disciples d’Hegesias, et autres après la lecture de l’axioque de Platon, ou pour fuyr les maux de ceste vie, ou pour autres raisons : tout cela n’est-ce pas diversion ? Peu