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on se compare à luy, c’est l’estimer trop et faire tort à soy. (…). Voyci donc pour conclusion l’advis et conseil de sagesse : il faut avoir esgard à vous et à celuy qui vous offensera. Quant à vous, advisez ne faire chose indigne et messeante de vous laisser vaincre. L’imprudent et deffiant de soy, se passionnant sans cause, s’estime en cela digne que l’on luy fasse affront. C’est faute de cœur ne sçavoir mespriser l’offense : l’homme de bien n’est subject à injure, il est inviolable. Une chose inviolable n’est pas seulement celle qu’on ne peust frapper, mais qui estant frappée ne reçoit playe ny blessure. C’est le plus fort rempart contre tous accidens que ceste resolution, que nous ne pouvons recepvoir mal que de nous-mesmes. Si nostre raison est telle qu’elle doibt, nous sommes invulnerables. Et pour ce nous disons tousiours avec le sage Socrates : Anitus et Melitus me peuvent bien faire mourir ; mais ils ne me sçauroient mal faire. Ainsi l’homme de bien, comme il ne donne jamais occasion