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à un de ses amis de nourrir sa mere et l’entretenir, et à l’autre de marier sa fille, et luy donner le plus grand douaire qu’il pourra ; et advenant que l’un d’eux vienne à deffaillir, il substitue l’autre. Le peuple se mocque de ce testament, les heritiers l’acceptent avec grand contentement, et chascun vient à jouyr de son legat ; mais estant decedé cinq jours après celuy qui avoit prins la mere, l’autre survivant et demeurant seul universel heritier entretint soigneusement la mere, et dedans peu de jours il maria en mesme jour sa fille propre unique, et celle qui luy avoit esté leguée, leur despartant par egales parts tout son bien. Les sages, selon la peincture susdicte, ont jugé que le premier mourant s’estoit monstré plus amy, plus liberal, faisant ses amis heritiers et leur donnant ce contentement de les employer à son besoin. 3 de la vie ; l’histoire est notoire de ces deux amis, dont l’un, estant condamné par le tyran à mourir à certain jour et heure, demanda ce delay de reste pour aller pourvoir à ses affaires domestiques en baillant caution ; le