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qu’il n’appartient, soit de faict, ou de parole ; celles-cy sont plus aigres et plus difficiles à supporter que toute autre sorte d’affliction. Le premier et general advis contre toutes ces sortes de maux est d’estre ferme et resolu à ne se laisser aller à l’opinion commune, mais considerer sans passion ce que portent et poisent les choses, selon verité et raison. Le monde se laisse persuader et meiner par impression. Combien y en a-il qui font moins de cas de recepvoir une grande playe qu’un petit soufflet, plus de cas d’une parole que de la mort ! Bref, tout se mesure par opinion, et l’opinion offense plus que le mal ; et nostre impatience nous faict plus de mal que ceux desquels nous nous plaignons. Les autres plus particuliers advis et remedes se tirent premierement de nous-mesmes (et c’est où il faut premierement jetter ses yeux et sa pensée). Ces offenses pretendues naissent peust-estre de nos deffauts, fautes et foiblesses. Ce n’est peust-estre qu’une gausserie fondée sur quelque deffaut qui est en nostre personne, que quelqu’un veust contrefaire par mocquerie.