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c’est l’espouvanter et faire force à sa constance et vertu : tous autres advantages sont estrangers et empruntez ; roideur de bras et de jambes est qualité d’un porte-faix ; faire broncher son ennemy, luy faire siller de la fortune. Celuy qui, ferme en son courage pour quelque danger de mort, ne relasche rien de sa constance et asseurance, bien qu’il tombe, il est battu non de son adversaire, qui est possible en effect un poltron, mais de la fortune ; d’où il faut accuser son malheur, et non sa lascheté. Les plus vaillans sont souvent les plus infortunez. Encore plus faillent ceux qui s’esmeuvent, et font cas de ceste vaine et trasonienne troigne de ces espouvantez vieillaques, qui, par un port hautain, fiere contenance et parole brave, veulent acquerir bruict de vaillans et hardis, si on leur vouloit tant prester à credit, que de les en croire. Ceux aussi qui attribuent la vaillance à la ruse et finesse, ou bien à l’art et industrie ; mais c’est trop la prophaner, que la faire jouer un roolle si bas et chetif. C’est deguiser les choses, et substituer une faulse pierre pour une vraye. Les lacedemoniens ne vouloient poinct en leurs villes des maistres qui apprinssent à luitter,