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harge, il faut deux choses, preud’homie et courage. Le premier a besoin du second. Le premier gardera le magistrat net d’avarice, d’acception des personnes, des presens, qui est la peste et le bannissement de la verité : (…) ; de corruption de la justice, que Platon appelle vierge sacrée ; aussi des passions de hayne, d’amour et autres, toutes ennemies de droicture et equité. Mais, pour tenir bon contre les menaces des grands, les prieres importunes des amis, les cris et pleurs des miserables, qui sont toutes choses violentes, toutesfois avec quelque couleur de raison et justice, et qui emportent souvent les plus asseurez, il faut du courage. C’est une principale qualité et vertu du magistrat, que la constance ferme et inflexible, affin de ne craindre les grands et puissans, et ne s’amollir à la misere d’autruy, et encore que cela aye quelque espece de bonté ; mais il est deffendu d’avoir pitié du pauvre en jugement.