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peut deroger au droict ordinaire, et c’est proprement en quoy gist la souveraineté. 3 à ceux qui sont contraires au droict, et ne contiennent la clause derogatoire, ou bien qui sont contre le bien et l’utilité publicque, quelque clausule qu’il y aye, ou bien que le magistrat sçait estre fauls et nuls, mal impetrez et par surprise, il ne doibt, en ces trois cas, promptement obeyr, mais les tenir en souffrance, et faire remonstrance une ou deux fois, et, à la seconde ou troisiesme jussion, obeyr. 4 à ceux qui sont contre la loy de Dieu et de nature, il doibt se demettre et quitter sa charge, voire souffrir tout plustost que d’y obeyr ou consentir : et ne faut dire que là dessus pourroit y avoir du doubte, car la justice naturelle est plus claire que la splendeur du soleil. 5 tout cecy est bon pour les choses à faire ; mais après qu’elles sont faictes par le souverain, tant meschantes qu’elles soyent, il vaut mieux les dissimuler et en ensepvelir la