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et aussi de son estat ; car, comme ont dict tous les sages, la religion est le lien et le ciment de la societé humaine. Le prince doibt aussi se rendre subject et inviolablement garder et faire garder les loix de Dieu et de nature, qui sont indispensables : qui attente contre elles n’est pas seulement tyran, mais un monstre. Quant aux peuples, il est obligé premierement de garder ses promesses et conventions, soit avec ses subjects, ou autres y ayant interest. C’est l’equité naturelle et universelle. Dieu mesme garde ses promesses. Dadvantage le prince est caution et garant formel de la loy et des conventions mutuelles de ses subjects. Il doibt donc par dessus tout garder sa foy, n’y ayant rien plus detestable en un prince que la perfidie et le parjure, dont il a esté bien dict qu’on doibt mettre entre les cas fortuits si le prince contrevient à sa promesse, et qu’il n’est pas à presumer au contraire. Voire il doibt garder les promesses et conventions de ses predecesseurs,