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officieux et charitable, appliquer à soy l’usage des autres hommes et du monde, et, pour ce faire, doibt contribuer à la societé publicque les offices et debvoirs qui le touchent : (…). Mais j’y requiers moderation et discretion double : l’une, de ne se prendre pas à tout ce qui se presente, mais à ce qui est juste et necessaire, et cela ne va pas beaucoup loin ; l’autre, que ce soit sans violence et sans trouble. Il faut defirer peu, et ce peu moderement, s’embesongner peu et tranquillement ; et, aux charges que l’on prend, apporter les pas, les paroles, l’attention, la sueur, les moyens, et au besoin le sang et la vie, mais sans vexation et passion, se tenant tousiours à soy, en santé et repos. L’on vient bien et faict-on bien son effect sans ceste ardeur et ceste tant grande contention de volonté. Et se trompent fort ceux qui pensent que l’affaire ne se faict pas bien, et n’y a poinct d’affection, s’il n’y a du bruict, de la tempeste, de l’esclat ; car au rebours cela empesche et trouble la bonne conduicte, comme a esté dict. ô combien de gens se hasardent tous les jours aux guerres, dont il ne leur chaut, et se pressent aux dangers des batailles, desquelles la perte ne leur trouble aucunement le dormir, et c’est pour ne faillir à leur debvoir ! Et