Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/448

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mieux faire ny choisir ; et puis il ne s’eschauffe poinct, car la raison va tout doux. Le fol qui se laisse meiner à ces deux ne faict qu’extravaguer, se gendarmer ; jamais ne repose. Il est tousiours à se radviser, changer, rabbiller, repentir, et jamais n’est content ; aussi n’appartient-il qu’au sage de l’estre, et qu’ à la raison et à la vertu de nous faire et rendre tels : (…). L’homme de bien se doibt regenter, respecter et craindre sa raison et sa conscience, qui est son bon genie, si qu’il ne puisse sans honte broncher en leur presence : (…). Quant au corps, l’on luy doibt assistance et conduicte. C’est folie de vouloir sequestrer et desprendre ces deux parties principales l’une de l’autre ; au rebours il les faut rallier et rejoindre. La nature nous a donné le corps comme instrument necessaire à la vie : il faut que l’esprit, comme le principal, prenne la tutele du corps. Il ne le doibt pas servir ; ce seroit la plus vile, injuste, honteuse et onereuse servitude de toutes ; mais l’assister, le conseiller, et luy estre comme mary. Il luy doibt donc du soin, et non du service ; il le doibt traicter comme seigneur, non