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Parquoy ceux qui sont declarez d’un party s’y doibvent porter non outrez, mais avec moderation, ne s’embesongnant poinct aux affaires, s’ils n’y sont tout portez et pressez, et en ce cas s’y porter avec tel ordre et attrempance que l’orage passe sur leur teste sans offense, n’ayant aucune part à ces grands desordres et insolences qui s’y commettent ; mais au rebours les addoucissant, destournant, esludant comme ils pourront. Ceux qui ne sont declarez ny engagez à aucun party (desquels la condition est plus douce et meilleure) encore que peust-estre au dedans et en affection ils en ont un, ne doibvent demeurer neutres, c’est-à-dire ne se soucier de l’issuë et de l’estat des uns ny des autres, demeurant à eux seuls, et comme spectateurs en theatre se paissant des miseres d’autruy. Tels sont odieux à tous, et courent enfin grande fortune, comme il se lit des thebains en la guerre de Xerxès et de Jabes Galaad : (…). La neutralité n’est ny belle ny honneste, si ce n’est avec consentement des partis, comme Caesar qui declara de tenir les neutres pour siens, au contraire de Pompée, qui les declara ennemis ; ou à un estranger, ou à tel