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danger, et plusieurs se sont perdus : et est indigne de sa grandeur, se faire compagnon des uns, et ennemy des autres, luy qui est le maistre de tous : et, s’il faut venir à punition, il doibt suffire que ce soit des chefs plus apparens. Ix sedition.

sedition est un violent mouvement de la multitude contre le prince ou le magistrat. Elle naist et vient d’oppression ou de craincte ; car ceux qui ont faict quelque grande faute craignent la punition ; les autres pensent et craignent qu’on leur veuille courir sus : et tous deux, par apprehension du mal, se remuent pour prevenir le coup. Aussi naist de trop grande licence, de disette et necessité, tellement que les gens propres à ce mestier sont les endebtez, et mal accommodez de tout, legers, esventez, et qui craignent la justice. Tous ces gens ne peuvent durer en paix, la paix leur est guerre, ne peuvent dormir qu’au milieu de la sedition, ne sont en franchise que parmy les confusions. Pour mieux conduire leur faict, ils conferent ensemble en secret, font de grandes plainctes, usent de mots ambigus, puis parlent plus ouvertement, et font les zelez à la liberté et au bien public, au soulagement du peuple, et, soubs ces beaux pretextes,