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Cela sert à trois choses, à accroistre et faire profiter les finances, à donner moyen aux particuliers de traficquer et gaigner, et, qui est bien le meilleur, à sauver les deniers publics des griffes de larrons de cour, importunes demandes et flatteries des mignons, et facilité trop grande du prince. Et pour ceste seule raison aucuns princes ont presté l’argent public sans aucun profict ny interest, mais seulement à peine du double à faute de payer au jour. Le sixiesme et dernier est aux emprunts et subsides des subjects, auquel il ne faut venir qu’ à regret, et lors que les autres moyens defaillent, et que la necessité presse l’estat. Car en ce cas il est juste, selon la reigle, que tout est juste, qui est necessaire. Mais il est requis que ces conditions y soyent, après ceste premiere de la necessité : 1 lever par emprunt (aussi se trouvera-il plustost argent à cause de l’esperance de recouvrer le sien, et que l’on n’y perdra rien, outre la grace d’avoir secouru le public), et puis rendre, la necessité passée et la guerre finie, comme firent les romains mis à l’extremité par Annibla. 2 que si le public