Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/316

Cette page n’a pas encore été corrigée

Si le prince ne peust estre du tout bon, suffict qu’il le soit à demy, mais qu’il ne soit poinct du tout meschant : qu’il ne se peust faire que les bons princes ne commettent quelque injustice. à tout cela je voudrois adjouster, pour leur justification ou diminution de leurs fautes, que se trouvant les princes en telles extremitez, ils ne doibvent proceder à tels faicts qu’ à regret et en souspirant, recognoissant que c’est un malheur et un coup disgracié du ciel, et s’y porter comme le pere, quand il faut cauteriser ou couper un membre à son enfant pour luy sauver la vie, ou s’arracher une dent pour avoir du repos. Quant aux autres mots plus hardis qui rapportent tout au profict, lequel ils egalent ou preferent à l’honneste, l’homme de bien les abhorre. Nous avons demeuré long-temps sur ce poinct de