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C’est une loy muette, laquelle a plus de credit que le commandement. (…). Or tousiours les yeux et les pensées des petits sont sur les grands ; admirent et croyent tout simplement que tout est bon et excellent ce qu’ils font : et d’autre part ceux qui commandent pensent assez enjoindre et obliger les inferieurs à les imiter en faisant seulement. La vertu est donc honorable et profitable au souverain, et toute vertu. Mais par preciput et plus specialement la pieté, la justice, la vaillance, la clemence. Ce sont les quatre vertus principesques et princesses en la principauté. Dont disoit Auguste, ce tant grand prince : la pieté et la justice deïfient les princes. Et Seneque dict que la clemence convient mieux au prince qu’ à tout autre. La pieté du souverain est au soin qu’il doibt employer à la conservation de la religion, comme son protecteur : cela faict à son honneur et à sa conservation