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pens d’autruy. Or de ces deux proprement experience et histoire vient la prudence : (…). Or la prudence se peust et doibt diversement distinguer, selon les personnes et les affaires. Pour les personnes il y a prudence privée, soit-elle solitaire et individuelle, qu’ à grand’peine peust-elle bien estre dicte prudence ; ou sociale et oeconomique en petite compagnie, et prudence publicque et politique. Ceste-cy est bien plus haute, excellente, difficile, et à laquelle plus proprement conviennent toutes ces qualitez susdictes ; et est double, pacifique et militaire. Pour le regard des affaires, d’autant qu’ils sont de deux façons, les uns ordinaires, faciles ; les autres extraordinaires. Ce sont accidens qui apportent quelque nouvelle difficulté et ambiguité. Aussi l’on peust dire y avoir prudence ordinaire et facile, qui chemine selon les loix, coustumes, et train ja estably : l’autre extraordinaire et plus difficile. Il y a encore une autre distinction de prudence