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il n’y a rien de beau, de bon, de bien seant et advenant ; c’est le sel de la vie, le lustre, l’ageancement et l’assaisonnement de toutes actions, l’esquierre et la reigle de tous affaires, et en un mot l’art de la vie, comme la medecine est l’art de la santé. C’est la cognoissance et le choix des choses qu’il faut desirer ou fuyr ; c’est la juste estimation et le triage des choses ; c’est l’œil qui tout void, qui tout conduict et ordonne. Elle consiste en trois choses, qui sont de rang ; bien consulter et deliberer, bien juger et resouldre, bien conduire et executer. C’est une vertu universelle ; car elle s’estend generallement à toutes choses humaines, non seulement en gros, mais par le menu à chascune : ainsi est-elle infinie comme les individus. Très difficile, tant à cause de l’infinité ja dicte ; car les particularités sont hors de science, comme hors de nombre, (…) ; que de l’incertitude et inconstance grande des choses humaines, encore plus grande de leurs accidens,