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souverain heur de la vie humaine. Or nul ne se peust dire resolu à la mort, qui crainct de l’affronter et la soustenir, les yeux ouverts, comme ont faict excellemment Socrates, qui eut trente jours entiers à ruminer et digerer le decret de sa mort, ce qu’il fit sans esmoy, alteration, voire sans aucun effort, mais tout mollement et gayement : Pomponius Atticus, Tullius Marcellinus, romains ; Cleantes, philosophe, tous trois presque de mesme façon ; car ayant essayé de mourir par abstinence pour sortir des maladies qui les tourmentoient, se trouvant guaris par elle, ne voulurent s’en desister, mais acheverent, prenant plaisir à deffaillir peu à peu, et considerer le train et progrez de la mort. Othon et Caton ; car ayant faict les apprests pour se tuer, sur le poinct de l’execution se mirent à dormir profondement, ne s’estonnant non plus de la mort que d’un autre accident ordinaire et bien leger. La quatriesme est d’ame forte et resolue, practiquée authentiquement par de grands et saincts personnages,