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adversaires. Les juifs estoient impies et cruels à leurs parens, iniques à leur prochain, ne prestans ny payans leurs debtes, à cause qu’ils donnoient au temple ; pensoient estre quittes de tous debvoirs, et renvoyoient tout le monde, en disant : corban . Or voyci, pour achever ce propos, ce que je veux et requiers en mon sage, une vraye preud’homie et une vraye pieté, joinctes et mariées ensemble ; que chascune subsiste et se soustienne de soy-mesme, sans l’ayde de l’autre ; et agisse par son propre ressort. Je veux que, sans paradis et enfer, l’on soit homme de bien ; ces mots me sont horribles et abominables : si je n’estois chrestien, si je ne craignois Dieu, et d’estre damné, je ferois ou ne ferois cela. O chetif et miserable, quel gré te faut-il sçavoir de tout ce que tu fais ? Tu n’es meschant, car tu n’oses, et crains d’estre battu : je veux que tu oses, mais que tu ne veuilles, quand bien serois asseuré de n’en estre jamais tansé. Tu fais l’homme de