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se contentant de l’une, les confondre et mesler tellement que l’une soit le ressort de l’autre. Les premiers qui les separent, et n’en ont qu’une, sont de deux sortes ; car les uns s’adonnent totalement au culte et service de Dieu, ne se souciant gueres de la vraye vertu et preud’homie, de laquelle ils n’ont aucun goust, vice remarqué comme naturel aux juifs (race superstitieuse sur toutes, et, à cause de ce, odieuse à toutes) ; fort descrié par leurs prophetes, et puis par leur messie, qui leur reprochent que de leur temple et ceremonies ils en faisoient une caverne de larrons, couverture et excuse de plusieurs meschancetez, lesquelles ils ne sentoient, tant ils estoient affeublez et coiffez de ceste devotion externe, en laquelle mettant toute leur confiance, pensoient estre quittes de tout debvoir, voire s’en rendoient plus hardis à mal faire. Plusieurs sont touchez de cest esprit feminin et populaire, attentifs du tout à ces petits exercices d’externe devotion, qui pour cela n’en valent pas mieux, dont est venu le proverbe : ange en l’eglise, diable en la maison . Ils prestent la mine et le dehors à Dieu, à la pharisaïque, sepulchres et murailles blanchies : (…) ; voire ils font pieté couverture d’impieté, et