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vile et paoureuse : (…). Parlons de tous les deux à part. Le superstitieux ne laisse vivre en paix ny Dieu, ny les hommes ; il apprehende Dieu chagrin, despiteux, difficile à contenter, facile à se courroucer, long à s’appaiser, examinant nos actions à la façon humaine d’un juge bien severe, espiant et nous guettant au pas ; ce qu’il tesmoigne assez par ses façons de le servir, qui est tout de mesme. Il tremble de peur ; il ne peust bien se fier ny s’asseurer, craignant n’avoir jamais assez bien faict, et avoir obmis quelque chose, pour laquelle obmission tout peust-estre ne vaudra rien ; il doubte si Dieu est bien content, se met en peine de le flatter pour l’appaiser et le gaigner, l’importune de prieres, voeux, offrandes, se feinct des miracles, aisement croit et reçoit les supposez par autres, prend pour soy, et interprete toutes choses, encore