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capacité, son temperament, en quoy l’on excelle et l’on est foible, à quoy propre et à quoy inepte. Car aller contre son naturel, c’est tenter Dieu, cracher contre le ciel, se tailler de la besongne pour ne la pouvoir faire, (…), et s’exposer à risée et mocquerie. Puis celuy des affaires, c’est-à-dire de l’estat, profession et genre de vie qui se propose ; il y en a auquel les affaires sont grands et poisans, autres où sont dangereux, autres où les affaires ne sont pas si grands, mais ils sont meslez et pleins d’embarrassemens, et qui traisnent après soy plusieurs autres affaires : ces charges travaillent fort l’esprit. Chasque profession requiert plus specialement une certaine faculté de l’ame, l’une l’entendement, l’autre l’imagination, l’autre la memoire. Or, pour cognoistre ces deux naturels, le sien et celuy de la profession et train de vie, ce qui a esté dict des temperamens divers, des parties et facultez internes, y servira beaucoup. Ayant sceu ces deux naturels, les faut confronter ensemble pour voir s’ils se pourront bien joindre et durer ensemble ; car il faut qu’ils s’accordent. Si l’on a à contester avec son naturel, et le forcer