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XIII
VIE DE CHARRON.


Leictoure, d’Agen, de Cahors etde Condom, chanoine et écolâtre de l’église de Bordeaux.

Tant de succès n’éblouirent point Charron. Il aimait la méditation et la solitude, et résolut, en conséquence, de se renfermer dans un cloître. Ses biographes écrivent tous, qu’il avait fait vœu d’être Chartreux, et que, pour l’accomplir, il se présenta au prieur d’une Chartreuse qui refusa de le recevoir, parce qu’il était alors âgé de quarante-huit ans, et qu'à cet âge, il n’aurait pu s’accoutumer aux austérités qu’exigeaient les instituts de l’ordre. Rebuté par les Chartreux, il tenta d’entrer chez les Célestins ; et il éprouva les mêmes refus, appuyés sur les mêmes motifs. Il paraît que le vœu que Charron avait fait, troublait sa conscience, puisque, pour le tranquilliser, il fallût que plusieurs graves docteurs de Sorbonne déclarassent que, vu les obstacles qui s’opposaient à son admission dans un cloître, il pouvait vivre en séculier dans le monde. Le vœu de Charron, et ensuite ses scrupules surprendront peut-être ceux qui ne connaissent de cet écrivain que son Traité de la Sagesse ; que ce livre, où il se montre souvent au-dessus des préjugés, et-professe une grande indépendance d’opinions. Mais il faut observer que, jusqu’alors, Charron n’avait été que prédicateur et théologien, qu’il ne connaissait point encore Montaigne, ou que du moins il n’avait point encore formé avec lut cette liaison intime, qui en fit un des fervens apôtres de la liberté de penser, de la philosophie.

Ce fut en 1589, peu après la publication de la se-