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DE LA SAGESSE,


et esgales, comme les deux yeux, plantés au plus haut estage, comme sentinelles, composes de plusieurs et diverses pièces, trois humeurs, sept tuniques, sept muscles [1], diverses couleurs avec beaucoup de façon et d’artifice. Ce sont les premières et plus nobles pièces externes du corps, en beauté, utilité, mobilité, activité, mesmes au fait d’amour, (...) [2], sont au visage ce que le visage est au corps, sont la face de la face, et pource qu’ils sont tendres, délicats et pretieux, ils sont munis et remparés de toutes parts, de pellicules, paulpieres, sourcils, cils et poils. Les oreilles en mesme hauteur que les yeux, comme les escoutçs du corps, portières de l’esprit, receveurs et juges des sons qui montent tousjours : elles ont leurs advenues et entrées obliques et tortueuses, affin que l’air et le son n’entrassent tout à coup, dont le sens de l’ouye en pourroit estre blessé, et n’en pourroit si bien juger. Les bras et mains, ou-

  1. Ce nombre sept tient à des allégories anciennes, plutôt qu’à la réalité. Il en est de même de ce que l’auteur dit, d’après les croyances populaires de son tems, des boyaux distingués par six différences et six noms, égalant sept fois la longueur de l'homme, et de, la longueur de l'homme qui égale sept fois la longueur du pied. — On sent bien que tout cela n’est pas rigoureusement vrai, et que ce sont des approximations en nombres ronds et symboliques.
  2. « Dès que je le vis, quel trouble s’éleva dans mon ame ! » Théoc. Idyl. II, V. 82.