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DE LA SAGESSE,


accouplées, « ont tel besoig l'une de l'autre pour faire leurs fonctions,

.... Alterius sic,
Altera poscit opem res, et conjurat,

[1] et s'embrassent si bien l'une l'autre avec toutes leurs querelles, qu'elles ne peuvent demeurer sans guerre, ni se separer sans tourment et sans regret ; et comme tenant le loup les oreilles, chascune peust dire à l'autre, je ne puis avec toy ny sans toy vivre, nec tecum possum vivere nec sine te [2].

Mais pource que derechef en ceste ame il y a deux parties bien differentes *, « la haute, pure, intellectuelle et divine, en laquelle la beste n'a aucune part ; et la basse, sensitive et bestiale, qui tient du corps et de la matiere », l'on peut par une distinction plus morale et politique, remarquer trois parties et degrés en l'homme : l'esprit, l'ame, la chair, dans l'esprit et la chair tiennent les bouts et extremités, « comme

  1. Ainsi l'une requiert le secours de l'autre, et toutes deux concourent ensemble au même but ». Hor. Art poët. V. 410.
  2. « L'auteur a traduit ce passage, avant de le citer. On pourrait le traduire ainsi de nouveau en un vers :
    Avec toi, ni sans toi je ne puis exister.
    • Variante. Il semble, pour mieux et plus expressement representer recognoistre l'homme, qu'au premier coup l'on peut remarquer trois choses en l'homme, l'esprit, l'ame, etc.