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LIVRE I, CHAPITRE I.

Son corps fut basty le premier de terre vierge, rousse, dont il en eut son nom propre Adam [1], car l’appellalif estoit desja Is [2], et icelle mouillée non de pluye encores, mais d’eau de fontaine.

.... Mixtam fluvialibus undis,
Finxit in effigiem[3].

Par raison le corps est l’aisné de l’ame, comme la matière de sa forme ; le domicile doit estre fait et dressé avant y demourer, l’attelier avant que l’ouvrier y puisse ouvrer. Puis l’esprit y fut par le souffle divin découlé et insinué, et ainsi ce corps animé et fait vivant, inspiravit in faciem ejus spiraculum vitæ, etc. [4].

En la génération et conformation ordinaire et naturelle, qui se fait de semence au ventre de la femme, le mesme ordre se garde. Le corps est formé le premier par la force tant élémentaire de l’energie et vertu formatrice qui est en la semence, aydant aucunement la chaleur de la matrice, que celeste, qui est l’influence et vertu du soleil, sol et homo generant hominem [5]. Et de tel ordre que les sept premiers jours

  1. Adam en hébreu signifie, en effet, homme roux, et adama terre rousse. Voyez Gen. C. II.
  2. Is ou plutôt ish, en hébreu, signifie esse, est, ens, essentia.
  3. « Il le forma à son image, en mêlant la terre avec de l’eau de fleuve ».
  4. « Il souffla sur sa face l’esprit de la vie ». Gen, II, 7.
  5. « Le soleil et l’homme engendrent l’homme ».