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LIVRE I, CHAPITRE I.


monde, et l’univers peust estre appelle le grand homme. Comme le nœud, le moyen, et lien des anges et des animaux, des choses celestes et terrestres, spirituelles et corporelles. Et en un mot la derniere main, l’accomplissement, le chef-d’œuvre, l’honneur et le miracle de nature. C’est pourquoy Dieu l’ayant fait avec délibération et apparat, et dixit faciamus hominem ad imaginem et simililudinem nostram [1], s’est reposé. Et ce repos encores a esté fait pour l’homme, Sabbathum propter hominem, non contra. Et n’a depuis rien fait de nouveau, sinon se faire homme luy-mesme : et c’a esté encores pour l’amour de l’homme, propter nos homines, et propter nostram salutem [2]. Dont se voit qu’en toutes choses Dieu a visé à l’homme, pour finalement en luy et par luy, brevi manu [3], rapporter tout à soy, le commencement et la fin de tout.

Tout nud, affin qu’il fust plus beau, estant poli ; net, délicat, à cause de son humidité deliée, bien temperée et assaisonnée [4].

Droit, tenant et touchant fort peu en terre, la teste

  1. Et il dit : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ». Johan.
  2. « Le sabbat a été fait pour l’homme et non contre lui ». Mat. XII.
  3. « A cause de nous et pour notre salut ».
  4. Voyez la Variante de la page 29. On y trouvera, en grande partie, ce paragraphe et le suivant ; mais avec de nombreuses différences dans le style.