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DE LA SAGESSE,


Dieu en sa création surnaturelle, seconde et ordinaire en sa génération naturelle.

Selon la peinture que nous donne Moyse [1] de l’ouvrage et création du monde (la plus hardie et riche piece que jamais homme a produit en lumière, j’entends l’histoire des neuf premiers chapitres de Genese, qui est du monde nay et renay) l’homme a esté fait de Dieu non seulement après tous les animaux, comme le plus parfait, le maistre et surintendant de tous, ut prœsit piscibus maris, volatilibus cœli, bestiis terræ [2] : Et en mesme jour que des quadrupèdes et terrestres, qui s’approchent plus de luy (bien que les deux qui luy ressemblent mieux sont pour le dedans le pourceau, pour le dehors le singe) mais encores après tout fait et achevé, comme la closture, le sceau et cachet de ses œuvres, aussi y a-t-il empreint ses armoiries et son pourtrait,

Exemplumque Dei quisque est in imagine parva.

Signatum est super nos lumen vultus tui [3]. Comme une récapitulation sommaire de toutes choses, et un abbregé du monde, qui est tout en l’homme, mais raccourci et en petit volume, dont il est appellé le petit

  1. Gen. 1, 2, etc.
  2. « Pour qu’il présidât aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, aux animaux terrestres ». Gen. I, v. 25.
  3. « Tout homme est en petit l’image de Dieu. — Tu as fait reluire sur nous l’éclat de ta face radieuse ». Psalm, IV. 7.