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XI
VIE DE CHARRON.


cation : ils avaient reconnu en lui un esprit docile et prématuré, des dispositions peu ordinaires.

Ce fut dans l’université de Paris, alors florissante, que Charron fit ses premières études. En très-peu de tems, il apprit le grec, le latin ; mais il se distingua surtout dans le cours qui portait le nom fastueux de philosophie, et dans lequel on n'enseignait guères qu’une logique imparfaite, une métaphysique obscure, une physique erronée. Quoique dans la suite de sa vie il reconnut tous les vices de la logique de l’école, il ne laissa pas (tant les impressions que l’on reçoit dans le jeune âge sont durables !), de rester asservi à la méthode qu’on y enseignait. Dans ses sermons, comme dans ses ouvrages philosophiques, il divisait, subdivisait, à la manière d’Aristote, les propositions les plus simples et les plus claires ; et, à force de vouloir mettre de l’ordre dans ses discussions, il y introduisait souvent le désordre et l’obscurité. L’esprit se fatigue à le suivre dans le labyrinthe de ses argumens, et oublie, ou ne peut plus distinguer le but qu’il s’était d’abord proposé d’atteindre C’est là le véritable défaut des écrits de Charron, comme nous aurons plus d’une occasion de le remarquer ; défaut bien racheté par des qualités éminentes que nous signalerons avec plus d’empressement encore.

Charron, après avoir terminé son cours scolastique à Paris , alla étudier la jurisprudence dans les universités d’Orléans et de Bourses, où il se fit recevoir docteur es-droits. De retour à Paris, il exerça pendant cinq à six ans, la profession d’avocat. Mais, comme